Ce crâne fossilisé datant de 32.000 ans découvert en Belgique ne serait pas celui du plus vieux chien domestique, mais celui d'un loup. ©MICHAEL COQUERELLE
Grâce à un scanner 3D, les chercheurs ont créé des modèles numériques des deux crânes fossiles : l'un datant de 14.000 ans et originaire de Eliseevichi (un village russe situé à près de 300km au sud-ouest de Moscou) et l'autre, vieux de 32.000 ans, provenant de Goyet (Belgique). L'équipe les a ensuite comparés avec d'autres crânes, anciens et modernes, de loup et de chien. "Nous démontrons que ces canidés paléolithiques sont définitivement les loups et pas des chiens", concluent les chercheurs. Il n'y a donc plus de preuve de la domestication du chien par des hommes du Paléolithique. Celle-ci a plus vraisemblablement eu lieu lorsque l'homme s'est sédentarisé et a développé l'agriculture il y a environ 12.000 ans, au Néolithique. Jusqu'à (nouvelle) preuve du contraire.
ATHÉROSCLÉROSE. Des nanoparticules qui agissent comme des sortes de drones miniatures pourraient éliminer les plaques de cholestérol accumulées dans les artères, selon une étude médicale parue récemment dans le journal Science Translational Medicine. Plus concrètement, les scientifiques ont utilisé des nano-médicaments pour transporter directement un traitement aux endroits où des plaques se sont formées. On appelle athérosclérose l'accumulation de ce type de plaques, elle est principalement connue pour ses conséquences : l'infarctus du myocarde et l'angine de poitrine, mais aussi les accidents vasculaires cérébraux.
Le traitement en question consiste principalement en une protéine nommée Annexine A1, connue pour son rôle dans le processus de réparation de l’artère. Cette protéine, placée dans une nanoparticule, devient un véritable "petit drone" qui cible les plaques d’athérome. Elle est alors libérée et la réparation peut alors s’enclencher.
Des souris chez lesquelles les artères étaient raidies en raison d'un stade avancé d'athérosclérose (voir figure ci-dessous) ont subi ce traitement durant cinq semaines, pendant qu'un groupe témoin d'autres rongeurs n'était pas traité. Chez les souris ayant reçu les nano-médicaments, les dommages aux artères auraient été réparés de manière significative et les plaques stabilisées. "C'est le premier exemple d'une technologie ciblée utilisant des nanoparticules qui réduit l'athérosclérose dans un modèle animal", souligne Omid Farokhzad, professeur à la Harvard Medical School et l'un des co-auteurs de cette étude. "Des années de recherche et de collaboration nous ont permis d'arriver à utiliser les nanotechnologies pour guérir des inflammations, pour remodeler et stabiliser des plaques dans un modèle d'athérosclérose avancée", a-t-il ajouté.
TRAITEMENT. Actuellement, le traitement le plus courant des plaques d’athérosclérose évoluées est l’angioplastie coronaire. Elle consiste à introduire un ballonnet dans une artère, à le gonfler afin de dilater la zone de l’artère athéromateuse, et à laisser en place un stent, petit dispositif mécanique qui maintient le diamètre d’une artère constant et l’empêche de se refermer.
Jusqu'à présent, ce mode de traitement n'a été testé en laboratoire que sur des souris, tempère l'étude. Et l'athérosclérose est différente entre l'animal et l'homme. Bien que les plaques se forment d'une façon similaire, chez les souris, elles ne conduisent pas nécessairement à une attaque cardiaque. Bien que de nombreux autres essais soient encore à effectuer, les auteurs sont convaincus de l'intérêt des médecins pour ce nouveau moyen éventuel de combattre l'athérosclérose, l'une des premières causes de mortalité aux États-Unis et dans d'autres pays développés. Les essais sur l'homme pourraient ne pas débuter avant des années.
Lise Loumé avec AFP
Les enfants qui ont une tablette, un smartphone ou une télévision dans leur chambre dormiraient en moyenne 21 minutes de moins que les autres.
SOMMEIL. Les enfants qui ont accès à des tablettes ou des smartphones dans leur chambre bénéficient de moins de sommeil que ceux qui n'en n'ont pas, pointe une étude américaine publiée dans la revue Pediatrics.
L'étude a été menée sur 2.048 enfants entre 10 et 13 ans, scolarisés dans le Massachusetts (nord-est des Etats-Unis). Elle montre que, sur l'ensemble des collégiens étudiés, ceux qui disposent de tablettes et de smartphones dans leur chambre la nuit dorment en moyenne 21 minutes de moins que leurs camarades qui n'en sont pas dotés.
TÉLÉVISION. En outre, les enfants qui ont une télévision au pied de leur lit voient leur sommeil amputé de 18 minutes par rapport à ceux qui n'ont pas de télécommande à portée de main."Ces résultats doivent servir de mise en garde contre un accès illimité à des écrans dans les chambres d'enfants", soulignent les auteurs de l'étude emmenés par Jennifer Falbe de l'institut de Santé publique à l'Université de Californie.
Alors même que Google vient d’annoncer l’arrêt de la production de ses Google Glass, son projet de lunettes de réalité augmentée, Microsoft s’engouffre dans le segment avec un projet à l’approche différente. Là où Google proposait d’afficher une couche d’informations par-dessus la vision de l’utilisateur en 2 dimensions, Microsoft a fait la démonstration d’un système de réalité augmentée, HoloLens, où des objets en 3D viennent se positionner directement dans l’environnement de l’utilisateur.
Ces objets en 3D, qu’ils soient des interfaces, des écrans, ou des éléments de jeu vidéo peuvent être manipulés par le porteur du casque. S’appuyant sur des techniques que l’on peut imaginer avoir été empruntées au Kinect de la XboxOne (la console de jeu de Microsoft). Le casque permet, via des capteurs et des caméras intégrées, de reconstruire en 3D l’environnement de l’utilisateur, et d’y ajouter en temps réel et de manière convaincante des éléments et des objets virtuels.
Présenté lors d’une conférence Microsoft consacrée au nouveau système d’exploitation Windows 10, HoloLens se démarque non seulement des Google Glass (que l'utilisateur est sensé porter au quotidien) mais aussi d'autres projets concurrents que sont l’Occulus Rift, ou encore Morpheus Sony, deux casques de réalité virtuelle qui nécessitent d’être raccordés à un ordinateur ou une console pour fonctionner.
Les ingénieurs de Microsoft l’assurent, HoloLens est un ordinateur à part entière qui fonctionne sans fil, sans câble et sans téléphone portable. Objets différents, usages différents. L’HoloLens ne semble pas être prévu pour quitter la maison ou le bureau, ses verres transparents n’isolent pas non plus son utilisateur qui peut continuer à interagir avec son environnement extérieur.
DÉCOUVERTE. Ce 22 janvier 2015, un professeur de biotechnologie moléculaire de l’université Goethe à Francfort, Helge Bode et Ralf Heerman, du département de microbiologie à l’université Ludwig Maximilian de Munich, ont découvert un nouveau langage jusqu’ici inconnu qui semble être très répandu. Une découverte qui complète les recherches pionnières menées entre autres par la talentueuse Bonnie Bassler de l’université de Princeton, surnommée à raison "la femme qui murmurait à l’oreille des bactéries" (voir l'article en pdf ci-dessous).
Jusqu’ici le langage le plus connu passait par l’émission d’une molécule (N-acyl homoserine lactone). Les bactéries marines Vibrio fischeri, qui colonisent le calmar, en secrètent ainsi à tout-va pour se "compter" jusqu’à devenir bioluminescentes lorsqu’elles sont suffisamment nombreuses. Mais les chercheurs allemands ont, quant à eux, étudié Photorhabdus asymbiotica, comme ils le rapportent dans leur étude publiée dans les PNAS. Ce pathogène, mortel chez les insectes et qui infecte également l’homme, déclenche des problèmes cutanées. Et ces bactéries coordonnent leur action en secrétant du dialkylresorcinol et des cyclohexanediones.
Selon les chercheurs, 116 autres espèces de bactéries, dont plusieurs pathogènes humains, utiliseraient cette même langue. Or ces études sont cruciales. Comprendre le langage des bactéries permettrait en effet de leur "parler", voire de leur "mentir" pour influer sur leur comportement, les empêchant ainsi de développer leur pathogénicité. Une sorte d’antibiotique qui ne provoquerait pas de développement de résistance en quelque sorte.
McDonald's : les 19 ingrédients contenus dans les frites révélés
Grant Imahara, espiègle journaliste scientifique américain, a pu tourner un reportage dans une usine de fabrication de frites du célèbre géant de la "junk-food". Et ce qu'il y a trouvé a de quoi surprendre.
FRITES. Bon, déjà, on vous rassure tout de suite, il y a bel et bien de la pomme de terre dans les frites de McDonald's. Pour le reste, c’est plus compliqué… Pas moins de 18 autres ingrédients sont utilisés. L'ingénieur journaliste Grant Imahara, diplômé de l'université Californie du Sud, a été accueilli dans une usine de fabrication pour suivre l'ensemble de la chaîne de fabrication, assez impressionnante. Pour autant, il ne faut pas s'attendre à des révélations fracassantes puisque la visite a été très encadrée et sert désormais la promotion du géant de la "junk-food"... Parmi ces ingrédients on trouve des composants assez classiques comme le sel bien sûr, mais aussi l'huile de canola, de soja, des arômes naturels de bœuf ou de l'acide citrique. Plus surprenant en revanche, le recours à une forme de silicone assez commune dans les shampoings : le dimethylpolysiloxane (persévérez…) qui est ajouté pour éviter que l’huile ne mousse au moment de la cuisson. Un composé également utilisé dans les sodas au cola. Ou dans le Silly Putty, un caoutchouc très particulier.
APPROUVÉ. Selon le reportage (approuvé par McDonald's) aucun de ces composants ne constitueraient un risque pour la santé des consommateurs. Notons néanmoins que les recettes commercialisées sont parfois très différentes d'un pays à l'autre. Rien ne nous permet donc d'affirmer que, si vous ne vivez pas aux États-Unis, les frites que vous trouverez à votre prochain passage au fast-food sont faites de la même façon que cela est présenté dans ce reportage. Rappelons en outre que les produits proposés par les fast-foods sont en général très riches en graisses et tendent à favoriser l'explosion du nombre de personnes obèses risquant à terme de développer des maladies comme un diabète de type 2.
Ci-dessous, la visite complète du site de fabrication de la découpe de la pomme de terre jusqu'aux dernières étapes précédant le passage en "restaurant" :
(Video en anglais)
Les paysages de Tchouri, comme jamais vus auparavant
Tchouri va-t-elle craquer ? Les images de l'instrument OSIRIS de Rosetta révèlent failles, cratères et dunes sur la comète où a atterri le petit robot Philae.
Philae ne séjourne décidément pas dans un environnement riant. Le petit "lander" largué par la sonde Rosetta sur la comète Tchouri sommeille actuellement dans un paysage désolé, aride... mais varié. La surface de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko se pare en effet d'une grande variété de structures. On y trouve des puits, des falaises, des "boules", des fractures et de vastes plaines. Cette géographie est désormais mieux connue des ingénieurs de l'ESA grâce aux nouvelles images produite par l'instrument OSIRIS, qui équipe Rosetta.
Comment expliquer ces paysages ? À vrai dire, difficilement, comme le concédait lors d'une conférence de presse du 21 janvier 2015 Jean-Loup Bertaud, l'un des "pères" de l'instrument OSIRIS qui équipe Rosetta. "On ne comprend pas tout. C'est même un euphémisme pour dire qu'on ne comprend rien !". Pour mieux s'y retrouver, les chercheurs ont découpé la surface de la comète en 19 régions, chacune baptisée du nom d'une divinité égyptienne. Dans un article publié aujourd'hui dans le magazine Science, les astrophysiciens éclairent quelques-uns des mystérieux reliefs observés sur Tchouri.
BOULES. On observe à la surface de l'astre des blocs d'environ 3 mètres de diamètre. "Leur présence corrobore l'une des théories sur l'accrétion de la matière dans le système solaire primitif, il y a plus de 4 milliards d'années", explique Jean-Loup Bertaud. Selon cette théorie, les grains de poussière interstellaire se seraient agrégés sous forme de "boules" de diamètre semblable à celles observées sur Tchouri. Ces dernières se seraient ensuite assemblées en petits corps, "cométésimes" (contenant de la glace) ou "planétésimes" (qui ont ensuite donné naissance au planètes).
PUITS. A la surface de Tchouri, on observe d'étranges puits d'une centaines de mètres de diamètre, et parfois de la même profondeur. Certains sont inactifs, mais d'autres sont la source de jets cométaires qui s'échappent de la comète. Reste à savoir comment se sont formés ces mystérieux gouffres.
FAILLES. Des lignes de fractures sont visibles, notamment dans le"cou" de la comète (sa forme évoque celle d'un canard de bain). Certaines de ces cassures sont peut-être dues aux chocs thermiques entre jours et nuits, la température passant de -90 °C à -40 °C. Ces lignes sont-elles le signe que la comète va se séparer en deux ? Une hypothèse plausible selon Jean-Loup Bertaud.
DUNES. Les dunes constituent l'une des surprises du paysage "tchourien". La comète est en effet dépourvue d'atmosphère. Or sans vent, il n'y a normalement pas de dunes. Pour expliquer leur présence, les astrophysiciens estiment qu'à mesure que la comète s'approche du Soleil, les grains de poussière de la comète sont éjectés, en raison de la sublimation des glaces du noyau cométaire. Certains grains sont projetés dans l'espace, mais d'autres n'ont pas une vitesse suffisante pour échapper à la micro-gravité de la comète. Lorsqu'ils retombent, ils heurteraient certains obstacles sur lesquels ils finiraient par s'accumuler, formant ainsi des dunes.
CRATÈRE. Enfin, les ingénieurs n'ont jusqu'à présent repéré qu'un - et un seul - cratère d'impact sur Tchouri. Logique selon Jean-Loup Bertaud, puisqu'à chaque passage près du Soleil la comète perd 2 mètres d'épaisseur en surface, faisant ainsi peau neuve.
PAR SCIENCES ET AVENIR
QUESTION. Ce phénomène est inéluctable et irréversible chez tous les êtres humains : en dépassant un certain âge (plutôt au-delà de la trentaine), nos cheveux deviennent gris.
Quel mécanisme est à l'origine de ce phénomène ?
1) Epuisement des réserves de mélanine dans leur bulbe
2) lactose accumulé au cours d'une vie
3) Présence de péroxyde dans le cuivre chevelu
L'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse (EPFL) a posé cette même question au grand public sur son site web : la majorité des participants (90 %) ont considéré la réponse "l'épuisement des réserves de mélanine dans leur bulbe" correcte, 8 % ont répondu "la présence de peroxyde dans le cuir chevelu", et 2 % seulement ont choisi "le lactose accumulé au cours d'une vie".
Ce n'est qu'en 2009 qu'une équipe de chercheurs britanniques a trouvé la bonne réponse : la présence de peroxyde dans le cuir chevelu. Une substance connue des personnes qui se décolorent volontairement les cheveux : de l’eau oxygénée ou peroxyde d’hydrogène.
CHEVEUX. Nos cheveux se renouvellent sans cesse, leur cycle de vie est en moyenne de 3 ans. Au cours de cette période, chaque cheveu croît sans relâche. Lorsqu’il meurt, il est immédiatement remplacé par un autre mais tombe quelques mois plus tard.
Lors des premiers cycles de pousse des cheveux au niveau du bulbe, les cellules souches qui créent le poil peuvent compter sur l’appui de mélanocytes, des cellules spécialisées produisant de la mélanine. Ces cellules sont responsables de la couleur des cheveux (et aussi de la peau).
Au bout d'une dizaine de cycles de pousse (environ 35 ans), les mélanocytes perdent en efficacité et ainsi commence à se dégrader le processus de pigmentation du cheveu. Les nouveaux poils apparaissent colorés ou blancs (chaque cheveu ne peut posséder qu'une seule couleur).
INÉGAUX. Une question se pose alors : pourquoi chez certains les cheveux blancs apparaissent dès la trentaine et chez d'autres plusieurs cycles plus tard ? Le stress oxydant (déséquilibre dans les cellules) est particulièrement en cause dans l'accélération du processus de dégradation des mélanocytes. Et celui-ci est notamment lié au rayonnement ultraviolet.
Une fois le processus de dégradation enclenché, le peroxyde s'installe, tue ou endommage les mélanocytes, résultant dans la pousse d’un cheveu gris (pauvre en mélanine) ou blanc (dépourvu de toute mélanine).
BÉNÉFIQUE. Un effet dont certains se seraient bien passés et qui pourtant est nécessaire pour rester en bonne santé. Car s’ils devaient accumuler leur stress oxydatif plus longtemps, les mélanocytes auraient un risque plus élevé de muter en cellules tumorales. Leur élimination, qui se manifeste par le grisonnement des cheveux, serait donc un mécanisme de défense contre ce danger.
SOUFRE. En effet, les oignons ont la particularité de capter le soufre contenu dans le sol et de le stocker à l’intérieur des cellules, sous la forme d’une molécule appelée "1-propényl-L-cysteine sulfoxyde". Or lorsque l'on épluche un oignon, le couteau déchire les cellules : ces molécules entrent alors en contact avec des enzymes de l'oignon appelées "alliinases".
GAZ. Une réaction chimique se déclenche alors, aboutissant à la synthèse d’acide sulfénique, lui-même transformé (par l'action d'une enzyme) en oxyde de propanethial, un gaz irritant et volatil. C'est ce gaz qui se dégage de l'oignon et atteint les yeux. Au contact du liquide lacrymal, il se transforme en acide sulfurique. Et l’effet de l'acide sulfurique ne se fait pas attendre : rougissement des yeux et pleurs.
Alors, comment faire pour éplucher un oignon sans subir ces effets ?"Couper l’oignon sous un filet d’eau ou encore faire pousser ses oignons dans un sol enrichi en potassium de façon à ce que la plante absorbe moins de soufre", conseille l'EPFL.
CHIRURGIE. De nombreux médias, à commencer par l’Irish Mirror qui a révélé "l’info", ont relayé ces derniers jours une histoire étonnante : alors qu’elle subissait une opération visant à lui retirer une tumeur cancéreuse logée dans son cerveau, Iga Jasica, une jeune polonaise de 19 ans se serait subitement réveillée à l'hôpital de Katowice dans le sud de la Pologne. "Comment ça se passe ?" ont été ses premiers mots adressés aux chirurgiens qui l’entouraient. Après l'opération, la jeune femme a expliqué ne pas se souvenir de grand chose : "Le médecin m'a dit qu'il m'avait parlé de chats, car je les aime beaucoup."
En fait, nombre de médias ont cru qu’il s’agissait d’un réveil inopiné dû soit à une mauvaise gestion de l’anesthésie générale, soit à un geste des chirurgiens. Rien de tout cela en réalité puisque ce réveil avait bel et bien été programmé par l’équipe médicale et que la jeune femme elle-même avait bien évidemment été mise au courant de la procédure. Comme elle l'explique sur son compte Facebook: "Beaucoup d'erreurs ont été relayées par les médias".
Mais pourquoi réveiller quelqu’un alors qu’on est justement en train d’intervenir sur son cerveau, la boîte crânienne "grande" ouverte ? En fait, les neurochirurgiens ont eu recourt à une technique de plus en plus courante : la craniotomie (ouverture du crâne) éveillée. Le principe de cette stratégie chirurgicale qui peut paraître effrayante consiste à faire interagir le patient pendant que le chirurgien procède à l'ablation de la tumeur.
Comme l'explique d'ailleurs Iga Jasica sur son compte Facebook : "L'objectif est de tester les fonctions du cerveau avant d'inciser ou d'enlever des éléments afin d'éviter les lésions", écrit Iga Jasica sur son profil Facebook. En effet, l’ablation d’une tumeur peut entraîner des séquelles si des tissus sains sont touchés lors de l'opération. En maintenant le patient éveillé, il est possible de "tester" par stimulation électrique les zones que le chirurgien s'apprête à inciser.
Bien heureusement, le patient ne ressent aucune douleur puisque le cerveau est insensible à ces stimulations. La technique permet surtout de retirer le maximum de tissu cérébral sans risquer d'handicaper le patient.
Ainsi, Iga Jasica "n'a rien senti et n'a jamais été en danger" explique Dawid Larysz, le neurochirurgien en charge de l'opération. L'opération est pour l'heure considérée comme une réussite. Seul regret pour la jeune polonaise : "J'ai loupé Noël en raison de cette opération mais c'est le meilleur cadeau que l'on pouvait me faire car je me sens mieux maintenant."
NÉFASTES. On sait que le travail de nuit ou avec des horaires changeants ("travail posté") est déjà suspecté de jouer un rôle dans divers problèmes de santé. Notamment pour le cancer du sein, le diabète et le déclin cognitif. Et les premiers effets néfastes pour notre santé se feraient sentir au bout de six ans de travail de nuit, selon une nouvelle étude publiée dans l'American Journal of Preventive Medicine. Les poumons et le système cardiovasculaire seraient les principaux touchés.
SUIVI. Les chercheurs ont suivi depuis 1988 les rythmes de travail et l'état de santé de près de 75.000 infirmières américaines de la cohorte Nurses' Health Study. Ils n'ont pas suivi d'autres professions, réduisant ainsi le risque de biais lié à la nature du travail effectué. Ils ont également exclu de cette cohorte 10.000 femmes qui avaient déjà des maladies cardio-vasculaires ou des cancers, ce qui aurait pu fausser les résultats. Ils ont considéré que les infirmières travailler "de nuit" dès lors qu'elles travaillaient au moins 3 nuits par mois en plus de jours ou de matinées.
Selon leur résultats, dès six ans de travail de nuit, l’effet néfaste de ce décalage se fait sentir. Les participantes qui ont travaillé de nuit durant 6 à 15 ans étaient exposées à un risque accru de 11 % de mortalité, toutes causes confondues. Leur risque de maladie cardiovasculaire est lui accru de 19 à 23 % (et de 23 % pour celles qui ont œuvré plus de 15 ans).
CANCERS. Depuis 2007, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère le travail de nuit comme un cancérigène probable. Or selon cette étude, le travail de nuit n'augmente pas le risque de cancer, à l'exception du cancer du poumon, qui augmente de 25 % chez les infirmières de nuit qui ont exercé pendant 15 ans ou plus.
INTERACTIONS. Les animaux sociaux trouvent de nombreux avantages à vivre ensemble. Leurs interactions rapprochées les exposent toutefois à un risque élevé de transmission d’agents pathogènes. Diverses parades originales ont émergé au cours de l’évolution : certaines espèces de homard fuient un congénère infecté par un virus, tandis que les femelles de différentes espèces d’oiseaux dédaignent les mâles porteurs de parasites, qu’elles identifient grâce à leur parure sexuelle altérée.
Dans le cas des rongeurs, des signaux olfactifs spécifiques émis par les individus malades induisent un comportement d’évitement chez leurs congénères. D'où provient ce comportement ? L'équipe d’Ivan Rodriguez, professeur à la Faculté des sciences de l’université de Genève (UNIGE), a levé le voile sur ce mystère en comparant le comportement de souris face à des congénères sains ou malades. D'après leur étude publiée dans la revue Current Biology, c'est le système spécialisé dans la détection des phéromones, appelé "système voméronasal", qui joue un rôle-clé dans la réponse d’évitement de la souris. "Aussi bien les animaux infectés par un virus de l’hépatite murine (ndlr : une hépatite chez la souris), que ceux rendus malades artificiellement, ont été fortement évités par leurs pairs en bonne santé", décrit Madlaina Boillat, chercheuse et principale auteure de l’étude.
Chez les mammifères, la perception des molécules présentes dans l’environnement s’effectue grâce au système olfactif principal (qui comprend notamment le bulbe et l'épithélium olfactifs), et au système voméronasal (voir schéma ci-dessous). Ce dernier régule les comportements sociaux innés, par le biais des phéromones que capte un senseur situé à l’extrémité intérieure du nez et appelé organe voméro-nasal (OVN). Afin de déterminer quels circuits nerveux sont impliqués dans le comportement d’évitement, les chercheurs ont altéré, physiquement et génétiquement, le fonctionnement de l’OVN de la souris.
Cette altération très spécifique a eu un résultat drastique : les souris n’ont plus montré de préférence pour leurs congénères sains. "Nous avons identifié le système neuronal qui permet aux rongeurs de reconnaître leurs pairs malades et de les éviter, se réjouit Ivan Rodriguez. Quant aux récepteurs chimiques impliqués dans ce processus, les candidats sont nombreux, mais nous sommes en train d’évaluer la possibilité qu’une famille de récepteurs voméro-nasaux appelée Fprs, que nous avons découverte en 2009, puisse jouer un rôle dans la reconnaissance des composés liés aux pathologies". Cette nouvelle fonction s’ajoute donc aux autres attributions du système voméro-nasal, qui est connu pour être responsable de la discrimination sexuelle envers les mâles, les femelles et les juvéniles, ainsi que l’évitement des prédateurs.
CONTROVERSE. Pourquoi sommes-nous attirés par tel ou tel individu ? L'existence des phéromones et leur identification chez l'être humain fait actuellement débat dans la communauté scientifique. "Pour l'instant, il n'existe aucune preuve permettant d'affirmer que les humains sécrètent des phéromones", affirme à Sciences et Avenir Olivier Rampin, neurobiologiste de l'olfaction à l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). À ce jour, une seule situation est suspectée d'impliquer des phéromones chez notre espèce. La molécule en question est émise par les femmes au niveau de l’aisselle et agit sur le rythme menstruel d’autres femmes. Cette molécule n’a pas encore été identifiée, mais elle serait perçue par le système olfactif. Quant à savoir si l’OVN est impliqué, c’est peu probable, celui-ci régressant rapidement durant le développement humain (à sa naissance, le bébé en est déjà dépourvu). Le mystère reste donc entier, mais les scientifiques n’ont pas dit leur dernier mot.
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